Clément nous explique la genèse d’un projet d’entreprise innovant, qui répond à un réel besoin santé et plaisir, tout en projetant de créer une nouvelle filière en France. Découvrons avec lui les bienfaits du Yacon, alternative naturelle au sucre, et ses produits dérivés pour des petits déjeuners gourmands et sains.
Natexbio : Clément, rappelez-nous en quelques mots l’histoire de la marque Yency ?
Clément Poyade : Nous sommes trois à nous être lancés dans l’aventure. L’origine de notre projet vient de Thierry, l’aîné d’entre nous, qui souffre d’un diabète de type 2 depuis des années, et n’était pas satisfait des discours des médecins. Il a alors décidé de creuser lui-même le sujet en allant vers une alimentation moins sucrée.
Il a commencé par les édulcorants, peu goûteux mais avec un indice glycémique faible. Puis il a testé les polyols, au process de transformation très avancé mais avec des conséquences néfastes pour la santé. Il s’est ensuite tourné vers des solutions naturelles moins sucrées, comme le sirop d’agave, mais qui gardent des indices glycémiques encore trop élevés pour une personne diabétique. À noter, qu’il y a environ 4 millions de diabétiques en France, et aucune alternative au sucre qui soit « clean » et gourmande.
Thierry fini alors par découvrir le sirop de Yacon, un édulcorant 100% naturel, avec un très faible indice glycémique de 1, comparable à la stevia. Un bon goût, entre miel et sirop d’érable, et sans contre-indications. En effet, les glucides qu’il contient sont des fructo oligosaccharides, non assimilables par le foie mais directement par les intestins, où ils vont servir de nourriture au microbiote.
Natexbio : Quelle était votre formation à la base ?
CP : À la base, je n’ai pas de formation particulière d’ingénieur en alimentaire. Raphaëlla a fait Dauphine et était consultante, moi je sortais d’une école de communication et je travaillais dans une start-up parisienne en tant que Responsable des Opérations, et Thierry, quant à lui, était multi-entrepreneur. Nous nous sommes vraiment réunis autour de ce projet. Thierry avait déjà bien avancé et fait beaucoup de recherches, échangé avec des médecins nutritionnistes, jusqu’à devenir expert sur le sujet.
Natexbio : Comment sourcez-vous le Yacon ? Comment se passe la production de sirop ?
CP : C’est une tubercule, appelée aussi « poire de terre », dont 95% du marché mondial se situe au Pérou. Cela reste une culture encore très artisanale.
Nous l’importons directement à l’état brut et assurons ensuite la transformation nous-même en Auvergne. C’est la vraie valeur de notre marque !
Nous réfléchissons, par ailleurs, à créer une filière de Yacon en France où certains petits maraîchers ont déjà commencé à le cultiver car c’est une tubercule qui s’adapte très bien à notre environnement. Nous voulons faire le premier sirop de Yacon 100% Français !
Natexbio : Parlez-nous un peu de votre gamme et de vos projets.
CP : Ce qui nous intéresse, c’est le petit-déjeuner. Pourquoi ? Parce que l’OMS recommande de consommer 30g de sucre par jour et qu’un consommateur français en consomme 80g dès le petit déjeuner. Cela engendre de lourdes conséquences à long terme sous formes de pathologies, mais aussi à court terme, avec de la fatigue, du stress, de l’anxiété ou de la mauvaise humeur. D’où l’idée d’une gamme qui alimente un petit déjeuner sans sucre et gourmand. Nous avons le sirop de Yacon, notre cœur de gamme, qui est un sucrant pour le thé, le café, les yaourts ou les gâteaux, et aussi des pâtes à tartiner : pralinée avec 65% de noisettes, chocolat avec du cacao cru. Nous avons, en outre, deux nouveaux produits en projet : une pâte chocolat au lait et un praliné noisette-amande ou cajou.
Natexbio : Comment distribuez-vous vos produits ?
CP : En grande partie grâce au digital, où nous faisons 65% de notre chiffre d’affaires. Nous sommes, par ailleurs, très actifs sur les réseaux sociaux et possédons une grande communauté très engagée. Et nous terminons en ce moment une levée de fonds pour revoir le marketing et refaire notre site.
Nous sommes également référencés dans 120 magasins bio, dans toutes les grandes villes de France, essentiellement des Biocoop mais aussi l’Eau Vive, Les Comptoirs de la Bio, ou des magasins indépendants. Nous comptons bien sûr sur notre prix du Natexbio Challenge pour approcher les centrales d’achat des autres enseignes !
Natexbio : Que dire de votre profil type de consommateurs ?
CP : Nous avons deux types de consommateurs cœur de cible : celui qui va être pathologiquement lié au problème du sucre, avec du diabète de différents types ; et un deuxième profil qui tend à manger moins de sucre, à la suite à une prise de conscience forte. Notre « personna » est féminine, âgée de 30 à 50 ans, péri-urbaine ou urbaine, et CSP+ car nos produits ont un coût un peu élevé (coût que nous essayons de réduire).
Natexbio : Qu’est-ce qui vous a amené à participer à notre challenge, qu’allez-vous faire de votre dotation ?
CP : Nous avons été contactés par mail, et comme nous étions en période de levée de fonds notre dossier de candidature était déjà prêt. Ce qui nous a beaucoup intéressé, c’est la qualité du jury du Natexbio Challenge, qui comptait les plus grands experts du marché en France, et bien sûr la belle dotation proposée aux gagnants. Nous allons utiliser notre prix de 15 000 euros en tant que flux de trésorerie pour nos approvisionnements en matière première, qui est acheminée du Pérou par bateau, créant des « trous financiers » entre le paiement à la commande et la livraison de la marchandise, 4 à 5 mois plus tard.
Natexbio : C’est la première année où vous serez présent au salon Natexpo en tant qu’exposant ? Quels objectifs vous êtes-vous fixés ?
CP : Nous avions hésité à le faire l’an dernier, c’était encore un peu tôt, et je ne voulais pas refuser des demandes en raison d’une ligne de production insuffisante, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. Nous comptons cette année nous donner toutes les chances pour avoir un maximum de visibilité et optimiser les contacts. Notre gros projet pour les mois à venir et dont nous allons parler, c’est la structuration de la filière du Yacon en France : nous avons déjà 3000 plants en terre cette année, et comptons bien apporter cette nouvelle culture à des agriculteurs qui en auront besoin. À terme, nous comptons vendre notre sirop de Yacon en marque blanche quand le marché sera arrivé à maturité et que nous aurons réussi à éduquer les consommateurs et les distributeurs sur les avantages de notre produit.
Pour en savoir plus : www.yency.co
Propos recueillis par Christophe Beaubaton pour Natexbio