Nous sommes partis à la rencontre d’Éléonore, cofondatrice des Crémeries-Unies, qui nous parle de ce concept original de micro-laiterie locale et urbaine qui vise à rapprocher producteurs et consommateurs.
Natexbio : Éléonore, parlez-nous de votre projet professionnel et de votre jeune marque.
Éléonore Beau : Nous sommes deux, Édouard et moi, à avoir créé notre projet il y a un an. Après s’être rencontrés en prépa, nous avons fait les mêmes études d’ingénieur en agronomie et agroalimentaire, et déjà, durant nos études nous avions pris conscience du besoin de repenser les modes de production et de consommation.
En effet, ils n’étaient plus alignés avec les enjeux actuels : manque de résilience, de durabilité, face aux aléas climatiques qui s’accentuent. Nous avions particulièrement travaillé avec la filière laitière et étions convaincus que cette filière devait retrouver une juste place dans un avenir proche.
Natexbio : Et ça se traduit comment ?
E B : Nous avons développé un système de micro-laiterie : l’idée étant de produire et de transformer localement les produits, avec un approvisionnement local, dans un rayon de 150 km. Nous travaillons avec des fermes partenaires, nous collectons le lait et le transformons dans notre laiterie, avant de le distribuer localement aussi, dans un rayon de 150 km, en travaillant directement avec les magasins bio.
Natexbio : Où est située votre micro-laiterie ?
E B : Nous sommes à Massy en ce moment, dans l’incubateur du Food’Inn Lab, un écosystème de projets dans l’agroalimentaire, avec une cuisine expérimentale partagée, qui dépend de notre ancienne école. Nous disposons d’un potentiel de plusieurs fermes avec lesquelles nous pourrions développer un partenariat dans un rayon de 150 km, même si notre production actuelle nécessite de ne travailler qu’avec une seule pour le moment. Nous alternons les phases de production, qui durent environ deux semaines, avec les phases de livraison et de commercialisation. Il y a aussi tout le travail de marketing et la préparation de notre déménagement dans nos futurs locaux.
Natexbio : Vous avez approché vous-même les magasins distributeurs ?
E B : Oui, nous travaillons exclusivement avec le réseau bio et nous avons démarché personnellement chaque magasin qui nous distribue. Nous travaillons aujourd’hui avec 11 magasins, sous l’enseigne Biocoop, mais aussi La Vie Claire, et Les Comptoirs de la Bio.
Ce qui les a séduits dans notre démarche, c’est avant tout le côté local, ainsi que nos recettes de crèmes glacées sans additifs, très artisanales. En tant qu’ingénieurs, nous souhaitions avoir des recettes les plus simples et gourmandes possible. Nous ne faisons pas le choix du e-commerce car ça va à l’encontre de notre philosophie du local, nous avons juste un site internet pour nous présenter, ainsi que nos produits.
Natexbio : Parlez-nous de votre marque « Les Crèmeries Unies » et de vos produits ?
E B : On a commencé par la crème glacée, car c’est un produit assez festif, gourmand, avec plus de valeur ajoutée que la crème fraîche, le yaourt ou le beurre. L’autre intérêt est d’avoir une date de conservation assez longue, ce qui est plus facile en termes de gestion des stocks. Nous avons vite remarqué qu’il n’existait pas d’offre locale en crème glacée, donc nous nous sommes engouffrés dans ce créneau. Nous n’avions pas fait à l’époque d’étude de marché pour cela, alors que nous en tenons compte à présent pour l’élaboration de nos futurs produits. Aujourd’hui nous proposons juste une gamme de crèmes glacées déjà commercialisées en six parfums. Tous les ingrédients sont en liste courte et bio, sourcés le plus localement possible, et nos pots en carton sont recyclables.
Notre objectif à court terme est de nous étendre sur des produits frais ; par exemple des crèmes dessert, des riz au lait, qui sont en cours de développement et devraient sortir à l’automne prochain.
Natexbio : Savez-vous qui achète vos produits ?
E B : On s’adresse à tout le monde, mais notre cœur de cible reste les jeunes parents et les familles en général, y compris les grands-parents. Par choix éthique nous nous concentrons sur la clientèle des magasins bio pour nous développer.
Natexbio : Qu’est-ce qui vous a motivé à participer au Natexbio Challenge ?
E B : Nous avions déjà entendu parler du concours et avions très envie d’y participer. Un membre du jury du Natexbio Challenge intervenait au sein de notre accélérateur de projets en Normandie, et nous a fortement motivé à y participer, jugeant que notre projet « collait » parfaitement aux valeurs du Challenge, et du réseau dans lequel nous souhaitions nous développer. Nous croyons beaucoup aux valeurs de l’agriculture agro-écologique, et nous choisissons nos fermes partenaires en fonction de ces valeurs : des pratiques vertueuses pour l’environnement et le bien-être animal. Ce sont des fermes beaucoup plus résilientes que les autres.
Natexbio : Qu’allez-vous faire de la dotation financière remportée après le Challenge ?
E B : Nous avons recruté une stagiaire pour le développement de nos futurs produits, et nous allons bien sûr utiliser cette somme au développement de notre future micro-laiterie, revoir les codes graphiques de la marque. Et nous avons hâte aussi de nous rendre à Natexpo, c’est une première pour nous ! Nous en attendons beaucoup au niveau des contacts commerciaux que nous pourrions nouer avec de nouveaux magasins. À terme nous comptons exporter et répliquer notre système de micro-laiteries à d’autres régions Françaises.
Pour en savoir plus :
Site : www.cremeries-unies.com
Instagram : @cremeriesunies
Propos recueillis par Christophe Beaubaton pour Natexbio